EVI KELLER

MATIÈRE - LUMIÈRE

« À présent que la lumière est née de moi et moi de la lumière, celle-la me charge de parler pour elle, de travailler pour elle... On s’est rencontré, par là transformée en sorte que la lumière est bien en moi. »
inspiré d’un écrit de Shitao 1642 - 1707

 

 

L’oeuvre audiovisuelle « Matière - Lumière [Towards the light - silent transformations] » nous connecte à la vibration de la nuit, symbole de l’invisible, dans un univers mystérieux, qui se dévoile par les rayons d’un soleil immergé, émissaire de galaxies lointaines. Etat solide, état liquide, (co-)naissance... moi, ciel, terre, trouvent le souffle vital dans les lignes qui les relient à la lumière et les transforment au rythme d’un silence dont la mélodie se fait alors entendre dans le monde sensible. La fragmentation du mouvement donne lieu à des compositions abstraites qui leur ôtent toute signification réelle pour leur conférer une dimension poétique et spirituelle. La lumière émanante n’est ni limitée par des formes ni par des espaces restreints. L’œuvre évolue au travers du regard de l’artiste ; dans la matérialisation de la lumière et la transformation des formes, naissent d’autres vibrations. Elle capte des formes animées par des ondes rythmées et lumineuses, entre dans leur vie, leur mouvement et nous invite à entrer dans un monde de méditation. Elle est la vibration sonore et l’incarnation d’un instant d’éternité, travail vivant dans l’instant, qui résonne au plus profond de nous. C’est une rencontre de la forme et la nature des « choses », du visible et de l’invisible, du manifesté et du mystère.

Les toutes récentes créations d’Evi Keller, qu’elle nomme Matière-Lumière, sont issues d’un long travail avec la photographie, la vidéo, la peinture et le son lui ayant permis d’aboutir à cette nouvelle forme d’art, émanant entre autre de la fusion de la peinture, de la photographie et de la vidéo ainsi que de leurs rapports avec la lumière.

Matière–Lumière est une série d’œuvres multiples et changeantes, de partitions interprétées par la lumière qui dépassent leurs cadres et se libèrent de leur environnement de création. Protégeant des formes abstraites, ces voiles de cellophane, teintés d’encre, de pigments et de vernis sont tour à tour suspendus, laissés à même le sol, flottant hors cadres, ou encore icônes faites de rouge, d’or et de bleu préservés dans des coffres sacrés. Nommées Matière-Lumière par l’artiste, ces œuvres sont les mystères d’une matière magique, vivante, qui se diversifie et s’affine en formes changeantes minérales, végétales, animales et humaines, faisant naître les paysages explosifs, volcaniques d’un monde lointain et mystérieux selon la lumière dans laquelle ils sont découverts et lors de l’interaction directe avec le spectateur. Regarder une de ces œuvres c’est débuter un voyage entre l’intérieur et l’extérieur, entre l’infiniment petit et l’infiniment grand… c’est habiter un monde où chemine la lumière traversant de multiples couches de surfaces réfléchissantes jusqu’à une abstraction qui concentre et distille toutes les expériences vécues pour trouver l’équilibre dans un mouvement. C’est aussi recevoir une lumière manifestée par ses formes multiples

Dans un présent qui inclut tout passé et tout futur… c’est enfin percevoir la lumière, réfléchie, réfractée

Par des mondes opaques et translucides qui dématérialisent l’espace et nous révèlent au plus profond de nous–mêmes. Dans son œuvre audiovisuelle, les projections créent un espace transfiguré de méditation et de transition, un espace libéré des contraintes d’espace et de temps. Véritables poèmes sonores et visuels, les images mouvantes sont propices à la mystique et nous font découvrir la beauté spectrale des eaux, ombres et arbres.